Bloomfield Version Hiver

Puisqu'aujourd'hui c'était ma première journée de la saison à aller au travail avec de la neige au sol (un petite neige mais pareil!) je me suis dit que c'était le moment idéal pour partager comment je change mon Bloomfield pour affronter cette saison trop souvent glauque et difficile. Son montage pour l'été n'a pas changé, mais avec la flexibilité du Bloomfield c'est facile de changer les pièces pour s'ajuster aux saisons.

Si certain.e.s ne le savaient pas, voici les conditions d'un hiver en vélo à Montréal: il fait entre 0° et -15° sauf rares exceptions, et on ne compte pas le facteur vent puisqu'il y a toujours un vent supplémentaire en vélo. La précipitation est surtout de la neige avec parfois du verglas. Les conditions de la chaussée varient entre: sec mais sale et salé; de la sloche; de la neige poudreuse; de la neige compactée; et de la glace noire (parfois saupoudrée de neige pour une belle surprise). Les voies cyclables majeures sont très bien déglacées, particulièrement les grands axes du REV, mais les petites rues locales sont traîtres et les automobilistes sont particulièrement malveillants, encore plus que le reste de l'année. Le soleil se lève avant que je parte travailler, mais se couche bien avant la fin de ma journée, alors une feu avant puissant est de mise.

Allons-y avec les pièces remplacées! Le changement le plus important, qui fait tout fonctionner, est la taille des roues. Nous avions toujours en tête que le Bloomfield V1 pourrait prendre soit des roues 700C plus grandes (avec pneu lisse et mince), soit des roues 650B plus petites (avec pneu large et de la place dans le cadre pour des garde-boues). Passer d'un pneu 700 x 32C lisse à un 650 x 38B avec crampons d'acier fait un diamètre total plus petit, ce qui me laisse bien juste la place pour des garde-boues en métal (mais très juste). En principe ça prend une mâchoire de frein de longueur différente, mais si on se fiche un peu d'avoir du bon freinage en avant, un Mafac Racer fait pour les deux avec un peu de créativité côté ajustement des patins.

Ah oui, et ce moyeu arrière... Je suis hélas un des amis de Sturmey-Archer chez C&L, et ce vélo est mon troisième montage d'hiver qui utilise un moyeu à transmission interne (pour les curieux les autres étaient un Sturmey 8-vitesses et un Shimano Nexus-3 - l'un à la retraite car un peu une sottise, l'autre roule encore sur le vélo d'un ami). Le modèle S2C est vraiment étrange même pour un moyeu à vitesses, mais quand j'ai vu que je pouvais l'avoir en version avec frein à contre-pédalage et en espacement 120mm, la partie un peu bancale de mon cerveau a insisté qu'il fallait que je monte des roues d'hiver pour aller avec. C'est 2-vitesses (pratique en ville) et on change de vitesse en pédalant par en arrière une fraction de tour.

Le frein au moyeu est aussi activé en pédalant par en arrière un peu plus... vous aurez tout de suite compris que chaque fois qu'on freine, on change de vitesse. Si on freine pour arrêter quand on est en haute vitesse, on sera automatiquement en basse vitesse au départ. C'est bizarre mais pas fou! J'ai l'intention de voir combien d'hivers ça va durer. Avant de l'installer l'an dernier je l'ai démonté pour le re-graisser comme j'aime pour l'hiver. J'ai d'ailleurs remarqué qu'à -10°, si le vélo est dehors quelques heures et qu'il arrive à température ambiante, les vitesses ne changeront pas tant que le vélo n'a pas roulé un peu pour se réchauffer et défiger. Au moins le frein marche!

Je conseille presque toujours contre un frein à contre-pédalage puisque la plupart des modèles sont pour usage léger ou pour les enfants, et ne fonctionnent pas bien pour arrêter un adulte à vitesse de croisière. Celui-ci est gros et bien bâti cependant, et j'utilise rarement le frein avant! C'est avantageux puisque sur les chaussées glissantes, on ne perd pas autant de contrôle et on n'a pas un arrêt trop brusque.

La chaîne en est une juste pour l'hiver parce que j'aime bien ma belle chaîne d'été et je ne veux pas qu'elle passe des mois dans la saumure. La belle couleur rouille vient de la rouille qui s'est formée en entreposage, c'est de fines particules suspendues dans l'huile à chaîne qui disparaîtront au premier nettoyage.

Plutôt qu'un cintre de route, j'ai un guidon classique relax, que je garde entreposé avec sa clochette et sa potence l'été. C'est rapide à changer puisque mon levier de frein a une penture. C'est nettement plus facile d'utiliser un guidon de ville avec des grosses mitaines qu'un guidon de route.

Le porte-bagages Soma est pour un petit sac et je le laisse maintenant installé en été aussi. C'est trop pratique, et les fourches Bassi sont faites selon les dimensions de ce rack, alors ça s'installe super bien. Ça ne distrait pas des belles lignes du vélo en été non plus, surtout quand j'enlève la lumière.

La roue avant est montée avec un moyeu à dynamo, ce qui est important parce que des batteries, ça dure moins longtemps quand il fait froid. Le feu avant n'est pas un modèle au faisceau étroit, puisque quand il y a une tempête de neige, je préfère être le plus visible possible.

Des garde-boues sont la pièce indispensable pour faire du vélo l'hiver, même plus que les pneus cloutés qui sont sur ce vélo. Les chemins sont presque toujours au minimum mouillés, et avec le sel ça devient une saumure corrosive. Lancer tout ça dans les pièces du vélo (et sur mes vêtements) ferait tout user bien plus rapidement. Ceux-ci sont en aluminium, pour 650 x 45B, de Tanaka (Merry Sales). La courbe n'est pas élégante, mais il faut que je puisse être capable d'enlever la roue arrière. En avant j'ai une bavette (coupée de retailles de cuir) pour protéger mes bottes ainsi que le jeu de pédalier. Les tiges du garde-boue avant ne sont pas coupées parce que ce n'est pas nécessaire et ça ne me dérange pas vraiment.

Le détail le plus charmant est le gros énorme réflecteur triangle Blue Lug, édition spéciale Peace Sports. Isaac est la personne qui fait Peace, et c'est un ami de James chez Rivendell. Quand j'ai visité cet automne, Isaac et moi avons bien jasé de vélos (on aime tous les deux les vélos pliants et minivélos) et il m'a offert ce joli accessoire. Merci encore Isaac!

Bon, allez jouer dehors et profitez des belles journées enneigées. Et souvenez-vous toujours que la guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se faire mal.

Simon
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